Dans le projet de lois de financement de la Sécurité sociale pour 2026, le gouvernement prévoit de rétablir des cotisations salariales pour les apprentis et envisage de nouvelles coupes sur les aides à l’embauche.
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Publié le 05/11/2025 06:28
Temps de lecture : 3min

Une vue d’un stand de formations en alternance au salon de l’étudiant, le 7 mars 2025 à Paris. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)
Est-ce la fin du boom de l’apprentissage ? Depuis 2017, les contrats d’alternance explosent, passant de 290 000 à 879 000 en 2024. Un chiffre qui risque de diminuer, car dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026, le gouvernement propose de rétablir les cotisations salariales dont étaient jusqu’ici partiellement exonérés les apprentis.
Il envisage également de nouvelles coupes sur les aides à l’embauche versées aux employeurs, rabotées en début d’année. Or les effets de ces premières baisses se voient déjà, avec 65 000 postes détruits fin 2025, selon les prévisions alarmistes de l’Insee. Résultat, la recherche d’un contrat d’alternance devient un véritable parcours du combattant, comme à Marseille.
Depuis avril, Camélia, 18 ans, est en quête d’un contrat d’alternance pour être esthéticienne à Marseille. “Je n’ai toujours pas trouvé”, déplore-t-elle, pourtant, elle consacre deux journées par semaine à ses recherches. “Je vais me rendre dans les salons d’esthétique, je fais mes petites recherches sur Facebook, Le Bon Coin, sur les annonces”, poursuit la jeune femme. Elle commence à stresser car ce contrat est obligatoire dans le cadre de sa première année de CAP : “J’ai jusqu’à décembre pour trouver le contrat, sinon après c’est à la porte. Ils ne peuvent plus nous garder si on n’a pas de contrat dans les mains, donc oui, c’est chaud.”
Elle n’est pas la seule à désespérer. En un an, sa formatrice Océane voit les délais de recherche de ses étudiantes s’allonger. “Ça pouvait prendre un mois, deux mois, ça dépend si elles étaient vraiment actives dans leurs recherches. Maintenant, on est plus autour de six mois parfois, pour certaines”, explique Océane, formatrice.
Et c’est directement dû, selon elle, à la baisse des aides à l’embauche des apprentis versées aux employeurs. En début d’année, elles sont passées de 6 000 à 5 000 euros pour les entreprises de moins de 250 salariés. “Souvent, ce sont des petites entreprises ou des autoentrepreneurs, poursuit Océane, ils n’ont pas énormément de budget et pourtant, ils ont besoin de cette aide-là. Du coup, ils sont un peu frileux.”
Dans le projet de budget de la Sécurité sociale, les aides à l’apprentissage risquent d’être à nouveau rabotées. C’est en tout cas ce que craint Yves Hinnekint, président de l’association Walt, spécialisée dans l’apprentissage. “La petite musique est quand même de dire ‘il n’est pas improbable qu’on touche à la fiscalité sur les contrats d’apprentissage, donc une baisse potentielle du pouvoir d’achat des jeunes, il n’est pas improbable qu’on touche aussi au niveau de prise en charge de la prime d’apprentissage’.”
Avec derrière, selon lui, une suppression massive de contrats d’alternance. Rien que cette année, l’Insee anticipe 65 000 postes en moins. “La question que je pose, c’est que vont devenir ces jeunes ? Est-ce qu’on va les retrouver sur les bancs des ‘ni en emploi, ni en formation’, les fameux ‘Neet’ ?”, s’inquiète Yves Hinnekint. D’autant que l’apprentissage est perçu comme un véritable outil pour rentrer sur le marché du travail, notamment dans les secteurs qui peinent à recruter.


